L’Horizon négatif

Couverture Art-press-90

 

Paul Virilio, L’Horizon négatif, éd. Galilée, coll. Débats.

 

Paul Virilio a publié huit livres, dont trois avec introduction. Or les trois introductions sont autobiographiques. Dans Bunker archéologie il raconte comment il a vu pour la première fois la mer. Souvenir de jeunesse lumineux. Immensité océane, épure d’un espace, approche du vide. L’horizon marin engloutit le littoral. Il se souvient dans L’Insécurité du territoire des avions alliés bombardant Nantes. Brutalement, il découvre l’espace aérien. L’horizon n’est pas devant nous mais au-dessus de nous. L’horizontale prend de la hauteur, se mue en verticale. Dans L’Horizon négatif enfin, il rapporte ses anciennes préoccupations de peintre, sa tentative d’animation de l’inanimé. Comment saisir le fond au lieu de la forme ? Comment percevoir l’absence, l’intervalle, la transparence au détriment de la prégnance, du contour, de l’opacité des apparences ? Virilio nous révèle la genèse de sa pensée dans ces trois introductions. La ségrégation des trois éléments (eau, air, terre) n’est pas possible. Ils sont indissociables, inséparables. Ils se disputent un seul horizon, un même espace. Ils s’investissent, se convertissent l’un dans l’autre. Quand cela arrive-t-il ? Quand survient le quatrième élément, le feu, qui réalise la jonction, la fusion. Le feu ou plutôt le soleil, la lumière, la vitesse ou si l’on préfère encore les engins techniques, les armes de guerre ou d’apocalypse, mettent le feu aux poudres. Ils trouent les trois espaces et nous introduisent dans le temps.

Georges Sebbag

 

Références

« Paul Virilio / L’Horizon négatif »,  Art press, n° 90, mars 1985.