Ducasse penseur de l’affirmation

Isidore Ducasse, dans ses deux livraisons de Poésies, se prononce sans ambiguïté pour la valeur d’évidence ou de véracité de tout axiome, pour le caractère intangible des premiers principes, pour la sacralisation des vérités éternelles. C’est ainsi qu’on peut lire au fil des pages, sous la plume de Ducasse, les quatre propositions suivantes[1] :

  1. Les premiers principes doivent être hors de discussion.
  2. La poésie qui discute les vérités nécessaires est moins belle que celle qui ne les discute pas.
  3. Toute littérature qui discute les axiomes éternels est condamnée à ne vivre que d’elle-même. […] Elle se dévore le foie.
  4. S’il est ridicule d’attaquer les premiers principes, il est plus ridicule de les défendre contre ces mêmes attaques. Je ne les défendrai pas.

Ces quatre propositions, données ici dans l’ordre de leur inscription dans le texte, énoncent, en effet, que les premiers principes ou axiomes éternels sont indiscutables ou hors de discussion. Partant de là, Ducasse remarque que ceux qui discutent les premiers principes sont automatiquement perdants. La poésie ternirait l’éclat de sa beauté en mettant en balance les premiers principes ; elle y laisserait des plumes. Quant à la littérature, qui se couperait d’un tel socle ou d’un tel terreau nourricier, elle se rongerait les sangs et se condamnerait à vivoter hors-sol ou à tourner en rond. Pour finir, Ducasse fait un sort à ceux qui non contents de discuter les premiers principes se résolvent à les attaquer ou à les contester. Toute tentative de renversement des premiers principes lui apparaît alors proprement ridicule. C’est pourquoi l’auteur de Poésies I et II n’entend pas suivre les pourfendeurs des premiers principes sur ce terrain miné ou instable, car il sombrerait lui-même dans le dérisoire ou dans la faute de goût en répondant à leurs attaques absurdes. D’où la franche décision du penseur Ducasse de ne pas contre-attaquer, de ne pas répliquer aux attaques portées par les ennemis des premiers principes.

Isidore Ducasse ne veut pas entrer dans le jeu des démolisseurs ou des déconstructeurs. Il a conscience qu’en se laissant entraîner par eux, il parachèverait la dialectique théâtrale du négatif. Il n’entend donc pas monter sur scène en brandissant le sabre du négatif contre les épéistes de la négation. Il sait que c’est de ce combat interminable et vain que jouissent les révolutionnaires en chambre, que les nihilistes et les exhibitionnistes n’en finissent pas de se pâmer au cours de cette parade déloyale ou truquée. Rhétorique pour rhétorique, démonstration contre spectacle, Ducasse s’engage à fond dans un discours de l’affirmation.

En fait, le signataire des Poésies est explicite dans sa volonté de répudier la négation. Relevant les attaques contre l’immortalité de l’âme, contre une vérité immuable et nécessaire, contre une croyance vieille comme les assises du monde, il se permet de poser cette question : Quelle autre croyance la remplacera, si elle doit être remplacée ? Et il avance aussitôt cette réponse : Ce ne sera pas toujours une négation. Ducasse rétorque donc aux dynamiteurs des fondements qu’il existe une alternative à la négation de l’immortalité de l’âme, à la négation pure et simple d’un premier principe. Il serait possible d’affirmer une nouvelle croyance, un nouveau fondement, au lieu de se résoudre à aligner des négations en faisant l’apologie, dogmatique ou sceptique, du renversement des vérités éternelles. Affirmer une nouvelle croyance, ce serait créer ou postuler de nouvelles valeurs, aussi éternelles que les principes de la raison. C’est ainsi que Ducasse, combinant sans vergogne les deux propositions canoniques « l’homme est mortel » et « l’âme est immortelle », se fait fort d’inventer un principe affirmatif quand il déclare pour sa part : L’homme n’est pas moins immortel que l’âme.

Mais avant d’en dire plus long sur la qualité affirmative de la pensée de Ducasse, on peut se demander si celui qui pense l’affirmation et refuse de se délecter dans la négation n’encourrait pas le risque d’être pris la main dans le sac de la négation quand il corrige, plagie ou renverse les pensées de Pascal ou les maximes de Vauvenargues. Ce point litigieux est instructif à double titre. Car quand Ducasse transforme une proposition initiale, il ne joue pas seulement sur l’inversion du négatif en positif et du positif en négatif, il use d’autres procédés comme la conversion du sujet en prédicat ou du prédicat en sujet. D’autre part, on peut considérer que Poésies I et II représentent dans leur globalité, comme dans le détail de chacune des propositions, un seul et même jugement émanant de la personne d’Isidore Ducasse, mais un jugement personnel qui est d’autant plus réitéré qu’il atteint à l’effacement propre au jugement de la poésie impersonnelle.

L’homme est certain de ne pas se tromper. Pourquoi Ducasse énonce-t-il cette sentence lourde de conséquence ? Pourquoi se prononce-t-il en faveur de l’infaillibilité de l’homme ? Il ne le fait pas pour s’opposer à la théologie chrétienne du péché, ni pour prendre le contre-pied du rationalisme cartésien ou du criticisme kantien, selon lesquels les sens sont trompeurs et l’homme est faillible. Il se réclame de l’infaillibilité humaine, car il a besoin d’une théorie du jugement pour conduire ses réflexions et convaincre le lecteur. C’est dans le cadre de cette théorie du jugement qu’il inscrit naturellement cette autre proposition : Le jugement est infaillible. Quelle est au juste la conception ducassienne de l’esprit ou de l’âme humaine ? Il n’y a pas de doute que parmi les six facultés de l’âme, reconnues par les classiques : la sensibilité, l’intelligence, la volonté, la raison, l’imagination, la mémoire, le signataire des Poésies privilégie l’intelligence et la volonté. Et s’il fait un sort à l’intelligence, c’est qu’il découvre en elle, ou tout au moins dans son exercice le plus abouti, une véritable faculté de juger, de distinguer, de trancher. Voici précisément le passage de Poésies I qui fait du jugement, et en particulier du jugement de goût, à la fois la pointe de l’intelligence et le pivot de toutes les facultés de l’âme : Le goût est la qualité fondamentale qui résume toutes les autres qualités. C’est le nec plus ultra de l’intelligence. Ce n’est que par lui seul que le génie est la santé suprême et l’équilibre de toutes les facultés. On s’aperçoit à cette occasion que Ducasse anticipe sur la pensée de Nietzsche quand il nous avise que le génie est la santé suprême. Et on peut ajouter que cette rencontre est de première importance, l’auteur de Poésies s’ingéniant à souligner la qualité affirmative du jugement, et le philosophe d’Ainsi parlait Zarathoustra la qualité affirmative de la vie.

Comment se prémunir contre le spleen et le mal, contre les sophismes et le doute, contre les langueurs et les gémissements ? Comment échapper à la scénographie romantique, à ses effets délétères, à toutes ces diableries vantant le néant de la vie ? Ayant posé, avant Nietzsche, le diagnostic de nihilisme généralisé, Isidore Ducasse s’en remet au tribunal du jugement, seule instance en mesure de débrouiller une affaire aux ramifications multiples et compliquées. Car des personnages illustres ou louches, des personnalités de tous les milieux – politique, artistique ou criminel –, sont impliqués dans cette énorme affaire. Par exemple, Charlotte Corday, Papavoine ou Troppmann, l’assassin de huit personnes aux portes de Paris. Ou encore, Napoléon Ier ou Victor Noir. Sans oublier le fameux Byron, dont la harpe s’est brisée sous les murs de Missolonghi. Le nihilisme romantique, dont un petit cercle de poètes n’a pas l’exclusivité, a depuis longtemps gagné les hautes sphères du pouvoir comme les bas-fonds de la société.affiche-colloque

La faculté de juger

Face à une littérature qui est de connivence avec des mœurs torves ou criminelles, Ducasse en appelle à la faculté de juger. Notons que le jugement est la fine fleur de l’entendement et que la volonté trouve à s’employer dans l’acte même de juger. En effet, celui qui juge, tel un procureur général, va droit au but, sans balancer une seconde dans les incertitudes dérisoires d’une pitié mal placée. C’est que, selon Ducasse, le jugement, une fois entré dans l’efflorescence de son énergie, ne peut être qu’impérieux et résolu. Répétons-le, il y a dans Poésies l’esquisse d’une théorie du jugement, une théorie relayée d’ailleurs par un certain nombre d’applications ou d’illustrations.

Premier domaine d’application, l’école. L’école, à travers trois de ses représentants, les professeurs, les élèves et les pions, serait un meilleur juge que la littérature et la société réunies. Un professeur de seconde, s’il est conscient que le roman est un genre faux, est supérieur à Balzac et à Alexandre Dumas. Un élève de troisième, convaincu qu’il ne faut pas chanter les difformités physiques et intellectuelles, est plus intelligent que Victor Hugo. Un bon élève de seconde est plus fort qu’un jury d’hommes compétents, y compris dans la sale question des courtisanes. Enfin, un pion qui irait à rebours de la poésie du siècle, pourrait se faire un bagage littéraire. Mais attention, Ducasse ne décrit pas l’école comme un sanctuaire ou un îlot épargné par la marée nihiliste. L’institution scolaire est en principe une sauvegarde, les corps enseignants, comme le rappelle Ducasse, étant des conservatoires du juste. Or, il se trouve que de nombreux professeurs bafouent ce principe en répandant dans leurs classes les miasmes de la poésie du siècle ; Musset est traduit en latin en classe de quatrième ; deux épisodes répugnants du même Musset sont donnés à traduire en grec dans les classes de troisième, et même en vers hébreux dans telle classe de seconde.

L’école est-elle le conservatoire du juste ? L’école forme-t-elle le jugement ? Ces deux questions peuvent paraître saugrenues en période de nihilisme généralisé. Mais pour Ducasse, c’est qu’il est grand temps d’honorer le jugement et d’affirmer sa propre pensée.

Deuxième domaine d’application de la théorie ducassienne du jugement, le jeune lectorat. Rien ne vaut les réactions ou les mimiques d’une jeune fille pour faire le tri entre Musset, Euripide et Victor Hugo. De plus, comme la jeunesse a une confiance illimitée en elle-même et qu’on peut lui faire confiance en matière de jugement, Ducasse entend soumettre sa propre poésie à une jeune fille de quatorze ans, représentant à ses yeux la lectrice par excellence. Mais quel genre de poésie, au fait ? Voici un échantillon de poésie ducassienne qui se présente comme un hymne aux âges de la vie : Dès que l’aurore a paru, les jeunes filles vont cueillir des roses. Un courant d’innocence parcourt les vallons, les capitales, secourt l’intelligence des poètes les plus enthousiastes, laisse tomber des protections pour les berceaux, des couronnes pour la jeunesse, des croyances à l’immortalité pour les vieillards.

La philosophie englobe la poésie

On franchit un pas supplémentaire en découvrant que le troisième domaine d’application du jugement c’est la poésie elle-même. Ici intervient un paragraphe capital qui place la poésie sous le regard, sous le contrôle, sous l’autorité de la philosophie. Isidore Ducasse enfonce ainsi le clou : Les jugements sur la poésie ont plus de valeur que la poésie. Ils sont la philosophie de la poésie. La philosophie, ainsi comprise, englobe la poésie. La poésie ne pourra pas se passer de la philosophie. La philosophie pourra se passer de la poésie.

On sait que le philosophe définit d’abord des concepts, qu’il lie ensuite ces concepts dans un jugement et qu’il relie enfin ces jugements dans un raisonnement. Mais quand Ducasse fait appel au philosophe, il songe moins au pouvoir de raisonner du philosophe qu’à sa faculté de juger. En effet, c’est la faculté proprement judicative ou judiciaire de la pensée, et non la raison logique et déductive qui peut dire si un poème est bon ou mauvais. Un bon poème n’étant qu’un poème, et un mauvais poème n’étant pas un poème du tout. À quoi bon se gargariser de mots, si l’on est impuissant à juger de ce qui touche à la poésie et de ce qui n’en relève pas ?

En admettant que juger consiste à soumettre un cas particulier à une règle ou à une loi, ou si l’on préfère, revienne à subsumer du particulier sous de l’universel, on voit que cette activité judicative n’est pas de tout repos, qui exige finesse et réflexion, doigté et décision. En fait, la poésie ne peut pas se soustraire à un examen, à un diagnostic, à un verdict. La poésie joue son va-tout en passant sous les fourches caudines du jugement. Bref, de cette étape philosophique du jugement, il n’est pas question que la poésie fasse l’économie.

S’il écrit, et à plus forte raison, s’il publie, le poète n’est pas autorisé à exhiber ses affects. On n’accouche pas de ses sentiments en les expulsant mais en s’en délivrant. Le poète délivre ses sentiments et s’en délivre par la médiation du jugement. Ducasse est formel à cet égard : Ne transmettez à ceux qui vous lisent que l’expérience qui se dégage de la douleur, et qui n’est plus la douleur elle-même. Ne pleurez pas en public.

Et c’est là où intervient sans doute la plus belle comparaison des Poésies, celle qui oppose terme à terme les sentiments et l’analyse des sentiments, ou si l’on préfère, celle qui oppose la poésie romantique et la poésie analytique ducassienne. Alors que la poésie romantique cultive le pathos, décrit quelques personnages illustres, mêle indistinctement vices et vertus, et tout cela dans le désordre et l’incertitude, l’analyse des sentiments procède tout autrement. Sans jamais baigner dans le pathos et selon une méthode réglée et assurée, la poésie analytique ne s’occupe que des vertus et augmente la vigueur des sentiments. Les sentiments signent leur propre faiblesse. L’analyse des sentiments signale l’existence de forces engendrant le sentiment du sublime.

Isolons juste une opposition dans ce tableau comparatif dressé par Ducasse : Les sentiments pleurent quand il leur faut, comme quand il ne leur faut pas. L’analyse des sentiments ne pleure pas. Remarquons que cette distinction analytique est dans la ligne de la philosophie de Spinoza lorsqu’elle nous enjoint de ne pas confondre le chien animal aboyant et le Chien constellation céleste.

Mais pourquoi y a-t-il un tel écart entre les sentiments et l’analyse des sentiments ? La réponse de Ducasse à cette question s’organise en trois temps. Premier temps : Les sentiments sont la forme de raisonnement la plus incomplète qui se puisse imaginer. Deuxième temps : La maxime est une loi qui renferme un ensemble de raisonnements. On voit que la maxime, en tant que synthèse de raisonnements, est le raisonnement complet par excellence. On en déduit alors, et c’est là le troisième temps, que l’analyse des sentiments est la forme de raisonnement la plus complète qui se puisse imaginer, puisqu’elle ne tend à rien d’autre qu’à dégager des maximes ou des sentences, qu’à marteler des aphorismes ou des apophtegmes.

Néanmoins, le penseur de l’affirmation Isidore Ducasse ne souscrit pas à tout ce qui a été écrit avant lui et il ne se réfugie pas non plus sous le parapluie de la philosophia perennis. C’est qu’il a pris conscience de sa situation particulière et de l’historicité de son point de vue, comme l’indique d’ailleurs cette analyse du présent : Le doute a existé de tout temps en minorité. Dans ce siècle, il est en majorité. Face au relativisme ambiant ou au nihilisme dominant, Ducasse ne peut s’empêcher de s’exclamer : Nous respirons la violation du devoir par les pores. Cela ne s’est vu qu’une fois, cela ne se reverra plus.

Quelle est la balise, ou le point fixe, qui permet à Ducasse de se soustraire au sauve-qui-peut général ? Nous n’avons cessé de le répéter, c’est la faculté de juger. Il est entendu, pour le penseur de l’affirmation, que l’homme juge de toutes choses. Mieux encore, comme il le dit explicitement : Nous naissons justes. Ainsi, pour Ducasse, nous sommes justes depuis la naissance, et comme nous sommes justes, nous pouvons agir selon le bien irréductible et exprimer notre perfection. D’ailleurs, si nous étions nés bons ou parfaits, nous n’aurions pas eu à juger du bon, ni du beau ni du vrai.

Et c’est sans doute parce que nous naissons justes que Ducasse est conduit à confesser : Je ne connais pas d’autre grâce que celle d’être né. Et Isidore Ducasse d’ajouter : Un esprit impartial la trouve complète.

Si, comme on l’apprend, la grâce la plus complète, ou la plus belle, est celle de la naissance, le moment est venu de mettre sur le tapis une autre confession sur la naissance, mais consignée cette fois-ci dans Les Chants de Maldoror : « Voilà plus de trente ans que je n’ai pas encore dormi. Depuis l’imprononçable jour de ma naissance, j’ai voué aux planches somnifères une haine irréconciliable […] Pour être plus sûr de moi-même, un éclat de bois sépare mes paupières gonflées. Lorsque l’aurore apparaît, elle me retrouve dans la même position […] » Ce passage du Chant cinquième faisant évidemment écho à cette sentence du Chant deuxième : « […] mes yeux endoloris par l’insomnie éternelle de la vie. » Ainsi, depuis l’imprononçable jour de sa naissance, Isidore ne dort pas, la vie n’étant à ses yeux endoloris qu’une veille continuelle, qu’une veillée perpétuelle. Mais que signifie cet aveu d’insomnie éternelle ? Cet aveu nous engage sur la voie de Poésies, dont le programme tel que nous l’avons tracé est d’exercer sans relâche la faculté de juger dans un monde délirant ou absurde, déboussolé ou déréglé. Ou pour le dire dans les propres termes de Ducasse : Il faut veiller sans relâche sur les insomnies purulentes et les cauchemars atrabilaires. Seul le jugement peut remplir cette tâche, qui convertit à tous les instants le délire étourdissant en un minimum de raison.

Je situerai pour ma part la pensée de Ducasse du côté de Spinoza, étant donné l’axiomatique à l’œuvre dans Poésies, et du côté de Nietzsche, pour le caractère affirmatif de tout jugement, le jugement le plus complet étant trempé dans un aphorisme ou dans une maxime. De plus, Ducasse annonce la généalogie de la morale et la transvaluation des valeurs de Nietzsche, à cette différence près que Ducasse affirme de nouvelles valeurs par-delà le seul bien et non par-delà le bien et le mal.

Nous reconnaîtrons sans peine que Poésies est un chef d’œuvre d’imitation et d’invention. Or ce domaine des lois de l’imitation et des puissances de l’invention, qui sera bientôt étudié par le sociologue et criminologue Gabriel Tarde, Ducasse nous en laisse deviner le principal ressort quand il affirme : Les révolutions des empires, les faces du temps, les nations, les conquérants de la science, cela vient d’un atome qui rampe, ne dure qu’un jour, détruit le spectacle de l’univers dans tous les âges.

Ainsi, à un moment donné, un simple atome qui rampe peut infléchir à lui seul le cours du devenir historique. Telle est la condition du poète qui rampe et traîne avec lui tout un héritage, mais qui par un trait de génie, biffant un mot ou corrigeant un membre de phrase, invente la formule qui fera mouche et sera entendue deux siècles plus tard.

Georges Sebbag

Notes

[1] Toutes les phrases et expressions données en italique dans ce texte sont des citations de Poésies I et II d’Isidore Ducasse.

 

Références

« Ducasse penseur de l’affirmation », Lautréamont L’autre de la littérature, Cahiers Lautréamont : livraisons LXXVII à LXXX, Actes du VIIIe Colloque international sur Lautréamont (Barcelone, 22-25 novembre 2006), textes réunis par Ricard Ripoll, AAPPFID, 2007.

21-Potence-avec-paratonnerre« Ducasse penseur de l’affirmation », sous le titre « Le marqueur Ducasse », est repris et largement augmenté dans Potence avec paratonnerre, Surréalisme et philosophie (Première partie, chapitre VI), Hermann, 2012.